Par Frédéric Maltais
On me demande souvent, à 32 ans pourquoi je pratique les petites quilles. D’où peut bien venir cette passion pour un sport réservé. J’ai pensé écrire un petit texte qui explique là où cette passion a réellement débutée pour moi.
–
Un samedi matin d’hiver, je regarde la route, les yeux encore à moitié fermés. À mes côtés, mon père est au volant et y restera encore pour quelques heures. Je me prépare à faire la route Québec-Montréal, encore une fois, le sourire au visage. Toute cette route ne me dérange nullement car je m’en vais faire ce que je préfère, jouer aux quilles.
J’aime encore me remémorer ces beaux souvenirs car ils me rappellent le moment où je suis véritablement tombé en amour avec la compétition. Par-dessus tout, ils me rappellent ces moments mémorables passés aux côtés de mon père, qui nous a quitté trop tôt, il y a maintenant une dizaine d’années.
Après avoir fait ma rencontre avec les quilles vers l’âge de 8 ans, alors que mes parents m’amenaient parfois remplacer dans leur ligue du vendredi soir, j’ai commencé à jouer moi-même dans une ligue pour juniors vers l’âge de 10 ans. Vers 11-12 ans, je commence à faire quelques tournois et à y connaitre du succès. À 13 ans, je passe d’ailleurs à la télévision communautaire dans un tournoi avec handicap, puis à Télé-Mag 24 (ancienne émission tournée au salon de quilles Centre-Ville de Québec), en équipe de deux ou nous remportons quelques victoires consécutives.
Je me rappelle qu’à cette époque, alors au secondaire, j’apporte souvent mes boules et souliers dans mon sac d’école. Après mes cours, je descends régulièrement de l’autobus à la salle de quilles au lieu de la maison où j’y joue souvent 10-12 parties avant que mon père ne passe me chercher en revenant du travail. Alors qu’on écrivait les parties à la main, il m’est arrivé souvent qu’on me laisse jouer gratuitement ou qu’on ne me fasse payer que 2 ou 3 parties, j’avoue que ça aidait mon petit budget et ma grande passion.
Un peu plus tard, mon père me propose de de tenter ma chance dans les tournois juniors provinciaux. À la fin des années 90 et début des années 2000, les tournois rassemblaient tous les joueurs de 18 ans et moins, sans catégories d’âge. Un enfant de 11 ans devait donc compétitionner avec les gars de 17-18 ans. Après quelques participations sans réel succès, je décide quand même de participer à la Grande Finale de la saison en 2000. Le niveau de jeu est très relevé et j’avoue que je ne sais pas trop où je me situe à travers ces joueurs talentueux. Toujours là comme fidèle partisan, mon père me répète simplement, « amuse-toi Fred ».
Lui qui voulait toujours diminuer mon stress, je sais bien qu’il devait faire lui-même les cents pas, pour aller voir les pointages et savoir où je me situe. Ceci dit, je parviens finalement à atteindre les demi-finales avec 3 excellents joueurs, Marc Bilodeau, Maxime Riopel et Martin Dubois. Je n’avais jamais joué dans un tournoi d’une aussi grande importance. Malgré la pression, je suis parvenu à réaliser d’excellentes parties et à me tailler une des deux places disponibles pour les enregistrements télévisés de la Grande Finale, tout comme Martin Dubois.
Quelques mois plus tard, me voilà au salon de quilles Bellevue pour les enregistrements de l’émission Les Quilles à TQS. Je me retrouve dans ce monde un peu nouveau avec les caméras, les dizaines de spectateurs et les commentateurs que j’avais l’habitude de voir devant mon téléviseur. Après un match serré et très enlevant, je termine avec un pointage de 258 pour l’emporter par seulement 2 quilles à la toute fin et devenir à ma grande surprise, le champion provincial junior avec tout ce qui vient avec : la fameuse bague de champion, 1 000 $ et la photo dans le calendrier des SQAQ.
L’objectif de cet article n’est vraiment pas de me lancer des fleurs ou de parler de moi. Plusieurs années plus tard, on parvient à comprendre ces choses qu’on ne comprend pas toujours à 15 ans. Aujourd’hui, moi-même père de famille, je comprends mieux tous les sacrifices qu’on fait mes parents, en particulier mon père qui m’a transporté partout pour suivre ma passion. Je repense aux déplacements, les dépenses en essence, les hôtels, toutes ces heures passées à me regarder jouer. Il aurait été IMPOSSIBLE pour moi de réussir par moi-même sans leur aide et leur support. Je repense à toutes les fois où il m’a dit, « amuse-toi » ou encore « c’est pas grave, c’est de l’expérience de plus ». À l’époque ces mots me fâchaient tellement quand je jouais mal, mais je sais aujourd’hui qu’il avait tellement raison. Je pense aussi que j’étais loin d’être le joueur le plus talentueux. Cependant, personne n’a essayé de me freiner et on m’a toujours dis que je pouvais réussir si je croyais en moi et que je mettais les efforts. On me l’a tellement dit , que j’ai fini par y croire moi-même.
À la fin de ce match de janvier 2001, on peut très bien voir mon père dans la foule qui lance un cri de satisfaction, le sourire fendu jusqu’aux oreilles et les yeux rempli de fierté. J’ai vécu d’autres moments mémorables aux quilles mais cette image particulière de mon père, me fait le plus grand des plaisirs encore aujourd’hui.
Voici la vidéo de ce match qui reste probablement mon plus beau souvenir aux quilles et qui explique où tout a réellement commencé pour moi.
un de mes plus beau souvenir est aussi de voir mes parents applaudir une victoire contre André Morrissette en 1994 au unique, très beau texte qui me rappelle de beau souvenir de quilles et de mes parents, merci Fred